dimanche 17 avril 2011

Bret Eastion Ellis : "Suite(s) Impériales(s)



Suite(s) Impériale(s) (Imperial Bedroom dans sa version originale, faisant donc un clin d’œil à un des albums d’Elvis Costello), dernier chef d’œuvre du romancier américain Bret Easton Ellis, est la suite de son tout premier roman Moins que Zéro écrit à 21 ans.

« Les gens ont peur de se retrouver » leitmotiv de Clay, jeune adulte désenchanté, égoïste, sans réelle idée de l’avenir qui l’attend, fuyant les difficultés et les dures réalités en se construisant une carapace, en se barricadant dans un leurre dans le premier roman Moins que Zéro.
Retour 25 ans plus tard, dans la Californie, opulente et glamour, où nous est peinte une ville de Los Angeles très carte postale, ville dorée, berceau de tous les rêves de réussite, de reconnaissance et de célébrité.
Ce ne serait sans compter la vision critique et réaliste de Bret Easton Ellis qui lève ce voile illusoire et nous plonge dans un Los Angeles où tout n’est que superficialité et culte de l’apparence, un monde corrompu, formaté, pervers, sadique, prisonnier dans l’engrenage de la culture de consommation, un monde où l’argent et la gloire sont rois, un monde où les réseaux sociaux sont entretenus avec soin mais où les sentiments et états d’âmes sont inexistants, un monde vide et inhumain, un monde faux bercé d’illusions.
Retour dans le monde désenchanté et cupide de Clay, protagoniste principal de Moins que Zéro, devenu bien évidemment producteur (ses amis exerçant la même profession où étant devenus acteurs), tous sans talents mais tous disposant du capital économique et social nécessaire pour assurer leur ascension et maintenir leur succès.
Retour dans un univers faux qui petit à petit s’effrite et sombre dans la déchéance, un univers où errent des personnages maudits sans aucun but, enfermés dans un cercle vicieux et destructeur, un univers artificiel où l’on fuit les difficultés et les obstacles en s’enivrant de soirées hypes.

« Je n’ai jamais aimé les gens, j’ai peur des gens » en conclura Clay.

Suite(s) Impériale(s) est un bijou, digne successeur de Moins que Zéro !
N’est-il pas jouissif de voir à quel point, Bret Easton Ellis a évolué stylistiquement ? Dans Moins que Zéro, les phrases étaient courtes, certains passages plus chargés et descriptifs que d’autres ce qui donnait au roman, un rythme saccadé, une dynamique jeune et musicale comme un bon morceau de musique rock sautillant, un style littéraire proche de celui de Salinger dans L’Attrape-Cœur, un bouquin à lire en claquant des doigts et battant le rythme du pied ! Suite(s) Impériale(s) est écrit de manière moins chargée mais dans un style beaucoup plus fluide et travaillé, comme des volutes littéraires qui vous entrainent, vous hypnotisent à la manière des envolées musicales d’un morceau psyché. Ce rythme plus lent et beaucoup plus saisissant dans Suite(s) Impériale(s) concrétise la descente aux enfers des protagonistes !
Un roman noir, acerbe, cynique et sans pitié ! Captivant du début à la fin, intriguant, intense et angoissant.


« Disparaître ici ».

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